Si les violences contre les soignants marquent régulièrement les actualités, les IDEL sont particulièrement concernés par ce phénomène. Pourquoi ? Parce que les infirmières et les infirmiers libéraux exercent souvent seul dans l’intimité du domicile de leurs patients, et ce, même s’ils font partie d’une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS). Cet isolement les expose davantage à des situations de violences, notamment face à des patients en détresse ou souffrant de pathologies psychiatriques.
De plus, cette violence est accentuée par la féminisation de la profession. En effet, environ 80% des IDEL sont des femmes. Ainsi, on constate régulièrement des situations de sexisme voire de violences sexuelles. La priorité : protéger les IDEL. Découvrons ensemble les enjeux des violences envers les professionnels de santé ainsi que les solutions possibles.
Les enjeux de la lutte contre les violences envers les IDEL
L’insécurité qui plane sur les IDEL pendant l’exercice de leur métier n’est pas sans conséquences. Au-delà des séquelles physiques et psychologiques supportées par les victimes, c’est l’ensemble de la profession qui se trouve menacée. Ainsi, les difficultés rencontrées par les IDEL deviennent un véritable enjeu de santé publique.
Violences envers les IDEL : l’attractivité du métier en danger
L’image du métier d’infirmier ou infirmière libérale est déjà entachée par des problématiques telles que l’épuisement professionnel, le stress et la pénibilité de la profession. Le contexte de violences envers les professionnels de santé vient aggraver cette situation.
Ainsi, si aucune mesure ne vient rapidement enrayer ce phénomène, le nombre de nouveaux infirmiers libéraux risque de chuter fortement. D’après la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS), 10% des étudiants infirmiers interrompent leur parcours de formation dès la première année. Cette situation représente un véritable problème. En effet, si les IDEL sont moins nombreux, la charge de travail des infirmiers libéraux risque d’encore augmenter, que ce soit pour les IDEL déjà en activité ou les IDEL qui viennent de créer un cabinet infirmier.
Violences contre les infirmiers libéraux : l’impact sur la qualité des soins
Si les violences envers les IDEL représentent une réelle menace pour la profession, elles constituent également une véritable problématique pour les patients. C’est l’ensemble du parcours de soins qui peut être remis en question, si les infirmières et infirmiers libéraux ne peuvent plus exercer leur profession dans de bonnes conditions. L’offre de soins peut ainsi se dégrader sur l’ensemble du territoire français, aggravant ainsi les situations de détresse subies par certains patients.
Le plan de lutte contre les violences envers les soignants
Au regard des nombreux enjeux soulevés par les violences envers les soignants, le gouvernement a décidé de réagir. Le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, et la ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, prévoient d’élaborer un plan de lutte contre les violences envers les soignants.
Pour cela, ils ont fait appel à Nathalie Nion, cadre supérieure de santé de l’AP-HP, et au docteur Jean-Christophe Masseron, président de SOS Médecins. Ces deux professionnels de santé ont été chargés de mener une grande concertation auprès des différentes parties prenantes liées à la sécurité des soignants. L’objectif de ce travail ? Proposer différentes mesures pour endiguer le phénomène de violences contre les soignants. Cette analyse a permis la présentation d’un rapport de 44 mesures, organisées selon 6 axes de développement.
Les mesures pour protéger les IDEL contre les violences
Au-delà des propositions soumises dans le cadre du plan de lutte contre les violences envers les soignants, c’est l’ensemble de la profession et des parties prenantes qui sont mobilisés. Ainsi, les mesures présentées au gouvernement sont renforcées par les revendications de l’ordre des infirmiers, appuyées par les différents syndicats. Analysons ensemble les avancées souhaitées par ces acteurs.
Les propositions pour le plan de lutte contre les violences envers les soignants
L’ensemble des préoccupations des soignants identifiées sur le terrain sont répertoriées en 6 axes de travail :
- Agir sur les déterminants des violences ;
- Acculturer les professionnels ;
- Mieux objectiver les faits de violences internes et externes ;
- Accompagner et soutenir les victimes ;
- Préparer les futurs professionnels ;
- Communiquer auprès de tous les acteurs.
Parmi les 44 mesures que contient le rapport de Nathalie Nion et Jean-Christophe Masseron, quatre ont été considérées comme prioritaires :
- L’équipement des IDEL et professionnels de santé exerçant de manière isolée en dispositifs d’alerte portatifs ;
- La formation des professionnels de santé pour gérer l’agressivité et la violence ;
- Le renforcement de la réponse pénale lors de situations de violences envers les soignants ;
- L’accompagnement des soignants victimes de violences dans leurs démarches judiciaires.
Les propositions de l’ordre des infirmiers contre les violences envers les soignants
Selon l’ordre des infirmiers, deux mesures phares devraient être mises en place pour la protection des infirmières libérales et des infirmiers libéraux. D’une part, un système de remplacement doit être mis en place afin d’assurer la continuité des soins lorsqu’un IDEL signale des violences.
D’autre part, l’ordre des infirmiers affirme qu’il est essentiel d’accompagner l’IDEL victime de violences dans l’ensemble du processus de plainte. Ce soutien ne se résume donc pas à l’aide lors de son dépôt de plainte. C’est un soutien psychologique, logistique et administratif global qui doit être mis en place.
En attendant que toutes ces mesures soient actées, les IDEL victimes de violences ont plusieurs moyens à leur disposition pour les accompagner dans cette épreuve. Ils peuvent exercer leur droit de retrait, déposer plainte et signaler les violences à l’ordre des infirmiers.